Sur les relations entre universités françaises, israéliennes et palestiniennes (ACTION POUR LA PAIX)
  
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Le Collectif Interuniversitaire pour la Coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) approuve la motion qui a été votée par le Conseil d'administration de Paris 6 le 16 décembre 2002 et soutient l'action de son Président. Il dénonce la désinformation qui a entouré la publication de ce texte. Il s'indigne que des hommes politiques et des intellectuels de renom aient répondu à l'appel lancé par l'Union des Etudiants Juifs de France pour manifester devant le campus Jussieu le 6 janvier, cautionnant par leur présence certains amalgames scandaleux [1] et un communautarisme radicalement contraire aux valeurs fondatrices de la République française. Il assure de sa solidarité les étudiants qui, pour avoir opposé, du haut des marches d'accès à l'université, leurs slogans à ceux des pro-Israéliens, ont été violemment frappés à l'issue de la manifestation, dans les sous-sols et à la sortie du campus par des groupes de l'extrême-droite sioniste. Et l'on doit s'interroger sur les responsabilités prises par les organisateurs du rassemblement qui ont voulu faire pression sur des instances élues d'universités autonomes et souveraines en mobilisant sur la voie publique des personnalités et des militants aux partis pris notoires sur tout ce qui concerne les questions du Proche-Orient. On observera tout d'abord que la demande de non-renouvellement de l'accord d'association UE-Israël n'est que l'application au domaine universitaire de la résolution votée par le Parlement européen le 10 avril 2002, douze jours après le déclenchement par Ariel Sharon d'une offensive meurtrière contre les Territoires auxquels une certaine autonomie avait été progressivement consentie par Israël dans le prolongement des accords d'Oslo. Dans cette résolution, le Parlement européen se déclarait 'profondément choqué par la spirale de la tragédie humaine vécue par les populations israélienne et palestinienne' ; il s'inquiétait d'un affrontement 'source de tension grandissante dans les pays arabes', conduisant à la 'détérioration de la situation politique et économique internationale' ; il condamnait 'l'escalade militaire du gouvernement Sharon qui viole les lois internationales et humanitaires (…), l'oppression de la population civile palestinienne par l'armée israélienne ainsi que la destruction systématique des infrastructures en Cisjordanie' ; il exigeait 'la mise en œuvre complète et immédiate' des récentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et, d'abord, le retrait de l'armée israélienne des territoires autonomes palestiniens. Le Parlement demandait finalement au Conseil des chefs de gouvernement de l'UE de transmettre ces résolutions au gouvernement israélien et, dans ce contexte, de suspendre l'Accord d'association euro-méditerranéen UE-Israël. Or les instances exécutives de l'Union Européenne ont immédiatement fait savoir qu'elles n'étaient pas engagées par le vote de Strasbourg. Aucune décision n'a suivi les recommandations du Parlement. La résolution du 10 avril a été entourée d'un si épais silence qu' Ariel Sharon s'est senti autorisé à l'ignorer totalement. L'armée israélienne poursuit toujours et amplifie ses exactions : en Cisjordanie et à Gaza, assassinats de résistants, régulièrement qualifiés comme autant de 'terroristes', assauts contre les principales villes palestiniennes accompagnés de tirs contre les civils et de rafles, destruction de maisons et de vergers, couvre-feux, bouclages privant les Palestiniens de toute liberté de circulation. [...] Dans un tel contexte, c'est le droit le plus stricte d'universités européennes de suspendre leur coopération avec des universités israélienne, si elles s'avèrent incapables d'expression collective. Ce faisant, nous répondons à un message rédigé il y a quelques mois par plus d'une centaine d'universitaires israéliens conviant « la communauté internationale à porter une attention sans faille aux événements qui se déroulent en Israël et dans les Territoires Occupés, à exprimer de façon absolument claire que des crimes contre l'humanité ne seront pas tolérés et à prendre des mesures concrètes pour empêcher ces crimes de se produire » [5] Contrairement à ce qui a été déclaré et publié [6], la motion votée par le CA de Paris 6 ne peut être assimilée à un appel au boycott, ni à une mesure visant à déclencher un 'processus d'exclusion généralisée', conduisant à 'stigmatiser et à mettre à l'index des chercheurs et des enseignants pour leur seule nationalité'. Il s'agit simplement de l'interruption de coopérations en relation avec l'actuelle politique israélienne de destruction des institutions dont le peuple palestinien tente de se doter, d'écrasement violent de toute résistance, d'annexion de la majeure partie de la Cisjordanie et de Gaza, d'enfermement des Palestiniens dans des enclaves devenues des prisons, en attendant que le déclenchement de nouvelles hostilités au Proche-Orient permette des transferts de populations que certains préconisent ouvertement. La motion votée par le CA de Paris 6 a le mérite de mettre l'accent sur une situation inacceptable, d'ouvrir le débat sur l'incohérence des instances politiques européennes, qui brandissent les droits de l'homme tel un emblème mais n'ont pas le courage de les faire respecter. Très légitimement, cette motion demande aux collègues enseignants et chercheurs exerçant dans les universités israéliennes de prendre clairement et rapidement position sur la situation concrète faite aujourd'hui aux enseignants, chercheurs et étudiants palestiniens, au même titre qu'aux ressortissants de leurs propres universités.
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2004-05-17 00:00:00
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